Depuis vingt ans chacun le répète « ça va péter ». L’accumulation des contradictions de ce système a fini par en miner la base. En France les Gilets jaunes ont blessé la bête, elle est touchée, mais pas morte, il faut abréger ses souffrances et les nôtres, il faut l’achever.

Ce mouvement est une crue, il faut la laisser s’étendre, ne pas vouloir la canaliser en la faisant retourner dans le jeu des institutions. Les contestataires de 68 scandaient "élections, piège à cons". À juste titre, un mois plus tard, rassemblant les amoureux de l’ordre et les petits-bourgeois effrayés, de Gaulle remportait une majorité écrasante à l’assemblée.

Le référendum d’initiative citoyenne, proposé aujourd’hui comme réforme pouvant mettre fin à la crise est en réalité le moyen de nous replacer entre les mains des politiciens professionnels. Pourquoi replacer notre sort dans un jeu dont les règles seront fixées par les élus actuels, par ailleurs discrédités ?
Pourquoi vouloir jouer à ce jeu qui se déroulera sous l’avalanche de la propagande des médias, propriétés de quelques milliardaires ?
Pourquoi vouloir affronter sur son terrain, avec ses armes, un adversaire aguerri, possédant de puissants et riches réseaux, organisé depuis longtemps pour ces joutes pseudo-démocratiques ?
Une dissolution, une démission, des élections, un RIC, ruineraient l’ébauche de démocratie directe inventée sur les ronds points, et remettraient le système sur ses jambes, ou plutôt ses moignons.
En plus le RIC reporte à un lointain peut-être ce qu’on pourrait gagner tout de suite.

La crue commencée par l’orage des Gilets jaunes, pourrait se poursuivre avec des bourrasques de la jeunesse. Le monde du travail, pourrait s’ajouter aux éléments déjà déchaînés.

Il faut laisser du temps au mouvement pour qu’il organise sa démocratie directe, qu’il affine son programme, qu’il installe son propre contre-pouvoir face au pouvoir de l’État et aux pouvoirs économiques.
En quelques semaines Macron est parvenu à faire comprendre à la masse de gens que le cœur de l’État ne reposait que sur une bande d’hommes armés protégeant le pouvoir et les riches.
Il confirme son rôle de pédagogue en proposant de l’esbroufe destinée à camoufler qu’il ne cède rien d’essentiel.
La population en lutte va comprendre qu’elle doit cesser de demander aux gouvernants de prendre des mesures, et qu’elle doit les prendre elle-même.

Les palettes, déchets ultimes du voyage des marchandises mondialisées ne sont pas toutes brûlées. Beaucoup de points de blocages sont l’objet de constructions originales : cabanes, bars, tours, etc. L’emploi de ces palettes affirme un style architectural émergent : le Zadisme.
Il y a là, la préfiguration ironique d’un nouveau monde où la croissance sera calculée en solidarité, égalité, justice et la décroissance concernera le CO2 et la connerie.