Retour sur le FITA

Le Festival international de théâtre-action était devenu - pour une décennie encore présente dans les mémoires - un moment exceptionnel parcourant tous les deux ans l’espace communautaire belge et européen avec des spectacles venus du monde entier. Ses accents internationaux s’entendaient autant des créations issues des relations bilatérales des compagnies que des perspectives de collaborations en Europe et ailleurs dans le monde, qui y trouvaient naissance.

Cet aspect fondamental de ce FITA des compagnies qui a pris corps en 1993 a contribué de manière décisive à la reconnaissance institutionnelle du théâtre-action en Belgique (2003). Mais il a aussi donné naissance à un premier réseau asseyant le théâtre-action au-delà de son territoire coutumier.

Ce « tissage »encore fragile a cependant suscité des actes concrets : en octobre 2000, le Répertoire des Théâtres en Mouvement (France) et du Théâtre-action ; la même année, le Projet de manifeste des compagnies de théâtre-action en matière internationale ; l’implantation continue du FITA dans une douzaine de régions de France – Ophélia Théâtre à Grenoble reste fidèle au projet initial - et d’Italie – maintenu grâce aux compagnies belges Collectif Libertalia et Compagnie du De la Compagnie du Campus.

Enfin l’idée -non aboutie- d’un Secrétariat international, qui devait se structurer distinctement de manière à préserver l’indépendance des autres paroles dans le monde. L’évolution du Fita après 2008 devait éteindre les espoirs en ce domaine pour ne plus laisser fleurir que les relations bilatérales de quelques compagnies.

La participation du théâtre-action au Forum social Mondial de Tunis en 2013, (cf. art p. …) et la Déclaration de Tunis devaient lui rendre vie au-delà de toute prévision.

Naissance du SITA

Le SITA est officiellement né ce 18 septembre 2013, en tant qu’asbl de droit belge ayant pour premier siège Bailleul, à deux pas de la France. D’entrée de jeu, l’association dispose d’un double statut : à la fois base d’un réseau de connaissance et reconnaissance mutuelles, et ONG, voulant associer les potentialités d’un tissage international de nature culturelle, et, également d’orientation culturelle, un terrain d’action concrète.

Le SITA fonde son premier axe sur la Déclaration de Tunis qu’elle reconnait comme acte fondateur : « Il nous faut poursuivre nos résistances par les outils culturels, localement ou ailleurs en solidarité avec d’autres.(…) Nous voulons apporter notre part à la création d’un réseau international dont nous percevons l’ardente exigence (afin que) ceux qui partout dans le monde - chacun à sa manière et avec le nom dont il désigne sa démarche- puissent, dans une plate-forme commune, se connaître et se reconnaître les uns les autres » (…)
Pour cette raison, dans SITA, théâtre-action s’écrit au pluriel, tout en se référant à la démarche reconnue sous cet intitulé en Belgique francophone. Le lien avec les autres démarches est établi : « une plate-forme d’information et de reconnaissance réciproque des acteurs culturels qui, où qu’ils soient dans le monde, pratiquent la création et la diffusion d’œuvres théâtrales et interdisciplinaires, dans une démarche semblable ou proche du théâtre-action. »
Le second axe est celui, traditionnel, du domaine des ONG, mais avec une orientation spécifiquement culturelle, souvent peu prise en compte - ou instrumentalisée- dans ce secteur, en agissant sur l’approche culturelle, sociale et politique des questions liées au développement.
L’association affirme sa vocation internationale et son souci d’action concrète.
La vocation internationale particulière au théâtre-action implique des procédures qui doivent permettre aux acteurs lointains de peser pleinement sur les décisions par « des modes de décision collective organisant la plus grande égalité réelle ».
Les membres de l’asbl sont -et seront- les personnes -physiques ou morales- qui, où qu’elles soient dans le monde, partagent ses buts et souhaitent contribuer à leur réalisation. Pour amplifier cette collaboration sans frontière on a prévu, à côté des membres effectifs, le statut de membre associé temporaire partenaire dans un projet spécifique, que l’association s’engage à consulter.


Egalité réelle et responsabilité collégiale.

Ces principes s’applique aux instances de l’association : ils surprennent ( le Greffe notamment) car contrairement à l’orientation de la nouvelle loi sur les asbl conférant de fait le pouvoir aux conseils d’administration, l’assemblée générale du SITA a gardé toutes ses prérogatives en tant que pouvoir souverain. C’est au sein de cette structure collégiale, que, avec les difficultés du processus de décision réellement démocratique, se déterminent effectivement ses actions.
Le dispositif d’information et de prise de décision innove par le vote au tour extérieur : ‘pour tenir compte des contraintes qu’imposent à l’association son ouverture internationale, les décisions importantes sont soumises à l’approbation ultérieure des membres absents non représentés’.
C’est cependant le CA qui reçoit les demandes d’admission : elles seront en pratique proposées par les membres actuels fondateurs ou en cours d’admission. Chaque membre sera ainsi la courroie de transmission d’un ou plusieurs autres futurs membres, le réseau se construisant par « capillarité exponentielle »……On peut rêver. L’article 3 des statuts y est propice :
‘L’association a pour buts généraux de contribuer à la réalisation d’un monde plus juste respectant la souveraineté des peuples, la justice sociale, l’égalité entre les humains, et la préservation d’un environnement vivable pour tous, dans le temps présent et pour les générations futures’.
Les modalités de fonctionnement de l’asbl ne pouvaient pas contredire cette puissante envolée ….

Paul Biot,
membre fondateur du SITA asbl