La mobilisation contre les violences faites aux femmes fait voler en éclat les tabous, les hontes, les règles implicites. Le monde découvre étonné que la violence n’a jamais été un concept binaire. Elle est de toutes les nuances de gris : de l’insulte au viol. Le continuum est un ensemble d’éléments tels que l’on peut passer de l’un à l’autre de façon continue. Il fait à son passage un bruit d’aspiration avec la bouche, il la siffle, il la lance une insulte à caractère sexuelle, il la suit, il la touche sans y avoir été invité, il la touche, une main au cul ou un coup de poing dans la gueule. Il la connait depuis très longtemps, un peu ou pas du tout. Il s’en fout.
C’est juste une femme, comme le chantait Anne Sylvestre.

C’est juste une femme
Mais dès qu’une femme
Messieurs mesdames
Est traitée comme un paillasson
Et quelle que soit la façon
Quelle que soit la femme
Dites-vous qu’il y a mort d’âme

Les temps changent. La honte change de camp.

Hier à Bruxelles, une femme a filmé l’homme qui avait posé une main sur son entrejambe, tout en tenant un magistral "shame speech". Le gus, tout penaud, planquait son visage dans son manteau... La vidéo fait un tabac sur internet, elle a été reprise par la RTBF.

Contre les violences sexistes et sexuelles, autour du 25 novembre, une vaste mobilisation a dépassé les clivages au sein du mouvement féministe.

Ces clivages existent en dehors du mouvement féministe, dans le "monde des grands" où l’on ne fait pas toujours le lien entre les relations économiques et la place des femmes. Nous, la moitié de l’humanité.


photo:Jean-Louis Saelens

Pourquoi une grève des femmes ?

Généralisons ensemble, si vous le voulez bien. Pour l’exercice.
Principalement les femmes occupent les professions du soin aux autres, de la santé à l’éducation en passant par le nettoyage et le secrétariat. Les métiers du tendre, comme le dit joliment François Ruffin.

Et dans la “vie privée” ?
En dehors du travail que l’on fait pour un autre, bim, à nouveau : le soin aux autres. Et ça tu le fais gratos, ma soeur. Or, le soin aux autres est vaillamment nécessaire au capitalisme, surtout quand il ne leur coûte rien.

Généralisons encore. Jusqu’à la caricature. Qui reste une réalité pour de trop nombreuses femmes dans le monde.
Quand Mossieu rentre, il se lave de la crasse de l’usine avant de passer à table, de se détendre et d’aller dormir. Madam fait tout le nécessaire, régie générale, logistique, assistante, cuisinière...
Mossieu, rompu et fatigué, s’ra bien gentil s’il se propose pour faire la plonge après le repas. On n’ira pas voir s’il y a ou non une partie de jambes en l’air. Ni pourquoi. Ni comment. Dans l’espace domestique, le soin n’est pas payé. Il fait l’objet de transactions complexes.
Grâce à ce précieux moment de vie maritale, le lendemain, Mossieu est en forme pour se rendre à son travail.

Bien sur le patron de Mossieu dira qu’il contribue, par le salaire.
Mais faut pas nous la jouer à l’envers.
D’abord il prend tout. Puis il en donne un peu, à Mossieu.

En dehors des espaces domestiques, le soin est en grande partie à charge de l’état : santé, éducation.
Bien sur le patron de Mossieu dira qu’il contribue, par l’impôt sur les bénéfices.
Mais beaucoup de patrons ne contribuent pas tellement.
Notamment les plus gros. C’est bien dommage pour les caisses de l’état.

Les multinationales surveillent le menu international des taux d’imposition. Et déplacent, à leur guise sur la carte du monde, les sièges de leurs entreprises loin des lieux où elles font leur profit. Les actionnaires, eux, sont plutôt bien mis en Belgique par exemple, songez à Albert Frère qui payait moins d’impôts que sa femme de ménage.

Je récapitule : lorsque nous exerçons une profession rémunérée dans les métiers du soin, nous avons des horaires et des salaires pourris. Et lorsque ces mêmes tâches sont exécutées dans l’espace domestique, elles ne sont pas reconnues comme un travail. Perdantes sur toute la ligne.

Le propre des métiers du propre : on ne les voit que lorsqu’ils ne sont pas faits !

Alors : si nous raccrochions le chiffon, le torchon, l’éponge, le gant de toilette ? Ou plutôt : si nous l’accrochions à nos fenêtres ?!

Dans les coins paumés, dans les logements pourris des villes surchargées, les transports bondés, les boulots mal rémunérés, les enfants et les parents dépendants, violences économiques, violences racistes, violences physiques. L’homme pauvre est une femme.

Le 8 mars, toutes en grève ! Au travail et à la maison : laisse le torchon à la fenêtre.

... rejoignez la mobilisation pour la grève internationale des femmes !

Tu souhaites t’impliquer dans la grève ?

Tu peux participer aux assemblées générales, rejoindre une commission ou lancer un groupe de mobilisation. Toutes les informations se trouvent ici : https://8maars.wordpress.com/contact/

Un groupe s’est lancé à Tournai, contact : tournai.8maars ’at’ gmail.com