Fort de ma première expérience, j’essaie d’arriver en retard : je bois un nième café, je change trois fois de tenue avant de me mettre en route, … mais rien n’y fait. Je suis toujours le premier. Mais de peu cette fois. Je précède tout juste une « nouvelle », plutôt gouailleuse et m’aperçois bientôt qu’elle connaît tout le monde : une doubleuse, sans doute.
C’est parti ! Avec les étirements, frottements, palpations, gesticulations, manipulations, … destinés à nous porter à température clownesque. La salle étant cette fois bien chauffée, nous passons à la vitesse supérieure.
Et ici, angoisse ! Nous déambulons à vive allure, sans ordre ni destination, un peu à la manière de molécules dans un liquide en ébullition, quand un participant, au hasard de son inconscience, pousse un bref avertissement avant de se laisser tomber à la renverse. Le jeu consiste alors pour les autres à se précipiter pour le retenir avant que sa tête ne vienne salir le pavement. J’avance avec l’impression funeste que lorsque je crierai, tous les autres seront à la fenêtre en train de regarder passer un chien avec un chapeau. Je me décide à vaciller et suis aussitôt sauvé par un nombre de bras au moins deux fois plus élevé que celui des participants. Je poursuis l’exercice l’oreille aux aguets car tout le monde n’est pas encore tombé. Un cri. Je me retourne vivement - les trucs comme cela se passent toujours derrière votre dos – et vois une fille déjà penchée comme une barre de pourcentages, la chevelure presque au sol ! Dans ma précipitation, j’oublie de rentrer mon nez qui vient heurter une boîte crânienne qui venait pourtant de la gauche. Tout se termine bien : la fille est sauvée et moi j’y ai gagné un nez d’un beau rouge sang. Mon premier nez de clown !
C’est déjà l’heure du casse-croûte. Je déballe mes tartines quand je vois les autres sortir casseroles et appareil à croques, peler des légumes, découper du fromage, réchauffer le plat de la veille ou de l’avant-veille, (j’ai regardé, ce n’est pas le même qu’il y a deux mois)…. L’option cuisine a dû m’échapper dans le descriptif du stage. En tous cas, cela me rappelle mon enfance au Congo. A la reprise, il y en a une qui se plaindra d’avoir une barre sur l’estomac !
Ensuite nous préparons des courtes scènes à jouer le soir devant un public. Même si les plus courtes sont souvent les meilleures, les nôtres manquent cruellement de finition. La représentation finie, un bon tiers des spectateurs accepte de donner son avis, surtout un monsieur qui détaille les défauts et manques de nos productions durant le double de temps qu’a duré le spectacle. Enfin, nous prenons vaillamment rendez-vous pour un prochain week-end.