Notre programme : trouver son équilibre sur du vent, avoir confiance, être branché.e sur sa respiration intérieure, suspendu.e entre la terre et le ciel. Cultiver l’intelligence émotionnelle et affronter nos peurs.
Trouver le sublime dans le petit, préférer la logique d’émerveillement et grandir en humanité. C’est un travail en profondeur, concentré. Il s’agit de donner et recevoir des émotions.

Nous clownons deux dimanches par mois de 10 à 16 heures ; le groupe accueille les nouvelles et nouveaux apprenti.e.s clown avec plaisir.

Retrouvailles qui vaillent

par Eric
croquis de Léa, amie de Rita

Je me suis absenté longtemps pour cause de fréquentation hospitalière.
L’hôpital n’a pas reçu la visite de clowns. Ou bien n’ont-ils distrait que des enfants ? Ou y suis-je resté trop peu de temps ?
Ou ont-ils jugé que je m’en tirerais tout seul, le miroir de la chambre étant suffisant pour renvoyer mes grimaces d’opéré surmontées d’un improbable pansement en forme de nid de frelons ?
Une fois sorti, retour au « Croquemitaine ».
Je suis accueilli avec une telle chaleur que je ne regrette presque pas mon absence.

Cerise sur le gâteau : il y a des nouveaux. Nous sommes huit, un nombre qui convient autant aux échanges qu’à la taille de la salle.
Passés les exercices d’échauffement d’usage, place à de petites scènes d’après consigne. Un travail en duos qui montre des jeux de mains partagés en finesse, des siamois incapable de se séparer à l’amiable, un petit et un grand qui échangent leurs humeurs et pour finir leurs tailles, une blessée imaginaire qui fait de clins d’yeux au public, ….


Pris par la connivence avec le partenaire, nous oublions régulièrement … le public ! Peu de regards (d’égards ?), pour ce « troisième homme » qui ne demande qu’à entrer dans notre jeu. A notre décharge, le public du jour se compose d’une seule personne, du reste pas bien grosse.

Quand par exemple le jeu nous oblige à dérider un partenaire particulièrement grognon, nous avons quelques ressources à disposition .
La parole (nous sommes des êtres dits civilisés, donc essentiellement bavards) , les grommelots, sorte de parole à consonance préhistorique, les cris éventuellement domestiqués en chants et pour finir les gestes.

Or quand nous démarrons un jeu sur un mode, il est encore rare que nous pensions à diversifier, passer du mot au grommelots ou du mot au geste ou du geste au chant, …. ce qui se passe pourtant souvent dans des situations de la vie courante. Qui n’a jamais ponctué une volée de récriminations par des pleurs ? Ou un geste malheureux par des rires ? Comme quoi la scène a aussi un effet inhibiteur.

Puis virent les prestations individuelles. Chacun(e) monte sur scène et présente quelque chose ? Quoi ? Ce qu’on veut. Mais cela va être du n’importe quoi ! Justement, c’est au-delà de l’impalpable que se trouve l’âme du clown. Au moment où on ne sait plus quoi faire, on est, tout simplement. Par crainte ou préjugé on se croit obligé de faire, de dire : après tout, on n’est pas sur scène pour rien, les spectateurs attendent quelque chose. Et on oublie que les gens sont simplement venus pour nous … même s’ils ne nous connaissent pas encore.


Certains sont soulagés d’avoir trouvé « leur » clown, celui dont la démarche, l’humeur, les grimaces, le costume leur colle au corps.
C’est vrai que les clowns ont toujours les mêmes vêtements, souvent trop grands ou trop petits, rapiécés et de couleurs criardes et pas assorties. Leurs dégaines sont leurs rengaines. Pour mon compte, je n’ai (encore ?) rien trouvé de tout cela.

Pour les exercices comme pour la scène, je mets le costume des premiers jours. Pas de mimique ou grimace caractéristique ni d’expressions monomaniaque bien que j’observe des constantes : une sorte de minimalisme de la parole et du geste. Je suppose que tout cela va se mettre en place. Il me semble également qu’on n’est pas tout à fait le même clown si on joue en solo, à deux, à cinq, ….


Justement, Rita nous propose un travail collectif au départ de l’observation d’une carte postale où nous voyons des enfants déguisés en lutins ou en animaux derrière un couple royal. Nous l’interprétons comme une cérémonie autour du couple avec maîtresse de cérémonie et musiciens.
La future scène est découpée en tableaux : organisation du défilé, préparation du couple, intervention des musiciens, ….
Puis nous jouons. Notre enthousiasme a vite rendu l’ensemble cacophonique, les tableaux se sont superposés au point de devenir illisibles, la reine étant cachée par les musiciens, les musiciens désorientés par la maîtresse de cérémonie qui elle-même voyait son autorité s’effriter. Bref, on ne s’écoutait pas. Rita nous fit recommencer organisant d’autorité les différentes priorités.

Enfin, nous avons terminé la journée autour d’un café, à envisager des améliorations. Il y a les partisans du film de la scène qu’on analyse ensuite. Technique qui peut avoir son intérêt pour décoder les mouvements mais non leur intention.

Le mieux est encore la confrontation avec un vrai public, sur une vraie scène. Et cela tombe bien, nous jouons le 14 mars à la ferme du Harby. Reste à préparer les scènes !

Eric