Au sein de cette institution, en 1984, le psychiatre et psychanalyste Alexandre Stevens, fonde “Le Courtil”. A la campagne ou en ville, en vie communautaire ou en studio, Le Courtil offre aux résidents âgés de 6 à 20 ans un accompagnement approprié aux heurts de leur vie. Plus précisément, les jeunes encadrés souffrent de troubles psychotiques.

Qu’est-ce que les troubles psychotiques
Tout le monde a éprouvé un sentiment de méfiance, a cru entendre une voix ou voir quelque chose qui s’avérait ne pas exister, a soutenu envers et contre tous un point de vue qui se défendait peu, voire pas du tout. Généralement, l’individu ajuste son point de vue à la réalité et la vie suit son cours. En effet, il s’agit habituellement de doutes normaux ou de perceptions erronées, et l’individu reste ouvert à la contestation de sa conviction ou de sa perception par son entourage.

Par contre, si l’individu semble avoir une conviction inébranlable en la réalité de sa perception ou de sa position, il peut s’agir d’une conviction psychotique. De façon générale, la psychose se caractérise par la perte de contact avec la réalité ou une partie de celle-ci, de même que par une désorganisation de sa vie, de ses émotions ou de sa personnalité.

Il existe plusieurs formes de troubles psychotiques qui présentent tous une perte de contact quelconque avec la réalité, à un point tel que la souffrance qu’ils engendrent est présente la majeure partie du temps et qu’ils interfèrent avec la capacité de l’individu d’accomplir ses fonctions professionnelles, familiales ou sociales.

Qu’est-ce que le théâtre peut leur apporter ?
Cet atelier a démarré en septembre 2011 avec 3 participants. C’est peu mais c’est déjà beaucoup si l’on tient compte de la structure mentale des participants. Mettre en liaison et en état de création des personnes souffrant de troubles psychotiques n’est pas simple. Pour cette deuxième année, il y a maintenant 8 participants. Cela paraît banal, c’est au contraire très important. Comme dit plus haut, chaque participant éprouve beaucoup de difficulté a vivre avec l’autre, les autres. Maintenir le groupe “en vie”, à travers des moments d’échange, de prises de parole, de jeux, d’exercices simples et ludiques est déjà un objectif atteint. Nous travaillons également plusieurs techniques ; le masque neutre, l’expression visuelle, la marionnette, le nez rouge, les chapeaux,...

Créer un spectacle ?
Si on devait faire un court résumé, le théâtre que nous pratiquons est un outil pour réfléchir sur les mécanismes qui dérèglent la vie en société et comprendre pourquoi cela engendre des exclusions sociales. Avec la parole des personnes exclues, nous réfléchissons et créons ensemble les possibilités d’un monde plus juste.

Peut-on créer un monde moins déséquilibré avec des personnes dont la perception de la réalité est déséquilibrée ? Peut-être pas, mais nous pouvons créer un spectacle pour parler de leur monde. Est-ce que leur monde est plus fou que le nôtre, les non fous ?

Nous sommes dans la même réalité et chacun d’entre nous l’interprète différemment, fou ou pas. Si, à travers cela, un spectacle peut naître, alors une nouvelle frontière sera franchie... pour eux. C’est possible, mais ce n’est pas nécessaire. L’objectif primordial est de mettre en liaison leur folie, la laisser s’exprimer, comme un microcosme de nos réalités.