Comment reprendre les moyens de production ?

Coeur de Cellule

Et paf. Vous ne vous y attendiez pas. Ou plutôt, vous ne vouliez pas y croire. Et pourtant ça y est. Jetés comme des vieilles chaussettes. L’usine ferme. Plus exactement : l’usine déménage. Votre usine. Celle où vous avez transpiré 5 jours par semaine pendant des années. Celle qui ne serait rien sans vous. Et bien voilà, ce n’est pas votre usine, ça ne l’a jamais été. C’est vous qui étiez à elle, et elle ne veut plus de vous. Vous êtes trop chers. Sans vous, le profit distribué aux actionnaires pourrait augmenter de quelques centièmes. Rendez-vous compte. Quelques centièmes. Soyez raisonnables ! Évacuez les lieux sans faire de scandale, voulez-vous ?

Les licenciements collectifs sont devenus monnaie courante, des PME en
faillite aux multinationales qui cherchent à maximiser leur profits.
En Wallonie, le dispositif des cellules de reconversion accompagne les
travailleurs licenciés. Ensemble, avec les travailleurs du FOREM et les
accompagnateurs syndicaux, ils pansent leurs plaies, dressent le bilan,
et se reconstruisent un avenir.

Une création collective du Théâtre Croquemitaine, en partenariat avec SOSDépannages, le CEPAG, la cellule de reconversion de Tournai, la CSC, la FGTB et le FOREM. En 2017, le dispositif des cellules de reconversion célébrait ses quarante ans, 40 ans à réparer les dégâts provoqués par le capitalisme, pas tout à fait une fête insouciante.

Discussion avec Natalia Hirtz et Dimitri Coutiez

Face à l’urgence climatique et devant la décadence indécente de ce qui se produit de luxueux et d’inutile sur cette planète, nous n’avons pas d’autre choix que de soustraire les moyens de production à la soif de profit. Comment ? Les entreprises coopératives représentent-elles une solution ? Elles offrent un cadre pour des activités de production qui ne visent pas le profit avant tout, et se développent dans des contextes politiques divers : en Argentine dans un moment économique particulièrement violent et avec un vaste mouvement de contestation sociale, tandis qu’en Belgique les politiques d’austérité s’égrainent, et les jours de grève ne durent ...qu’un jour.

Natalia Hirtz

« Au moment où l’emploi est de plus en plus menacé, on peut s’interroger sur la diversité des expériences dites « autogestionnaires ». Nous chercherons à jeter certaines pistes en alimentant notre réflexion d’exemples venus d’Argentine, où depuis la fin des années 1990, des travailleurs occupent l’entreprise afin d’éviter sa fermeture, et relancent, ensuite, la production et la vente des produits de manière autogérée » Gresea 2016

Chercheuse – Formatrice au Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (Gresea). Membre du Gracos (Groupe d’analyses des conflits sociaux) et du comité scientifique de l’Université des femmes. Ses travaux portent sur l’économie politique internationale, ses conséquences sociales et les résistances collectives. Elle a consacré sa thèse au mouvement des entreprises récupérées par les travailleurs.euses en Argentine Thèse en Sciences sociales

Dimitri Coutiez

Il y a une place pour les valeurs de l’économie sociale – comme la gouvernance interne démocratique et la réaffectation de la plus-value générée au service du projet collectif – dans une production économique. Et ce sont les coopératives qui peuvent mettre cela le plus en avant
Alterechos.be 2015

En 2015, en tant que conseiller au cabinet de Jean-Claude Marcourt (PS), ministre wallon de l’Économie sociale, Dimitri Coutiez a participé à la création d’un dispositif de soutien au secteur. Pour chaque euro apporté par les coopérateurs au capital de base, un euro supplémentaire est mis sur la table par la Sowecsom (Société wallonne d’économie sociale marchande). Il travaille aujourd’hui pour Propage-s, agence de conseil en économie sociale au sein du pilier socialiste.