Le bourgmestre est content. Depuis déjà trois semaines, les gilets jaunes ont cessé d’occuper le pont. Suite à la manifestation du 17/02, il avait envoyé la police pour faire décrocher la plus gênante des banderoles :

Le capitalisme va-t-il tout détruire ?


Le désordre a disparu. Mais la contestation demeure. La manifestation du 9/03 à rassemblé 200 personnes. C’est beaucoup pour Tournai. Une procédure de recours va être lancée. Sous le pont, on entend toutes sortes de rumeurs : ils veulent élargir mais ce n’est pas assez profond, les péniches peuvent emprunter un autre itinéraire, les tours sont classées mais pas le tablier, ou alors tout le monument est classé... Difficile de se lancer dans une procédure légale dans le brouillard. L’obtention des informations sur le projet s’annonce déjà compliquée. Les gilets jaunes peuvent compter sur le soutien de militants de Transparencia. Une demande a été envoyée à la Commune le 17/02. La demande concerne le registre des pièces du dossier administratif, ce compris la liste des études transmises à Tournai par la région wallonne. La Commune a communiqué le registre ce jeudi 14/03. Il y a fort à parier que Polo avait mandaté ses propres juristes pour chercher les failles et colmater avant de donner suite à la demande citoyenne. Soyons sérieux : bien que la voie légale soit un chemin à ne pas négliger, sans résistance sur le terrain, le Larzac serait une base militaire, Notre-Dame-Des-Landes serait un aéroport, la plaine des manœuvres serait un golf numérique, et le centre commercial des Bastions se serait agrandi… La preuve : les Bastions se sont agrandis.

Toujours sur le terrain légal, pour les revendications de démocratie, comme le référendum d’initiative citoyenne (RIC), on se heurte à l’article 195 de la constitution. Là, on a affaire à du triple blindage. Pour changer la constitution, le roi, le sénat et la chambre des représentants doivent se mettre d’accord et publier exactement la même proposition de révision. Dans la foulée, les deux chambres seraient dissoutes et des élections seraient organisées. Ce seraient alors aux nouvelles chambres élues d’étudier la proposition de révision. Pour que le changement advienne pas la voie légale, pas royale si j’ose dire, il faudrait donc que les vieux roublards de la politique professionnelle soient volontaires pour s’effacer et ensuite qu’ils soient minoritaires dans les chambres nouvellement élues. Vu la façon dont les professionnels de la politique s’accrochent à leurs privilèges, j’ai du mal à croire qu’ils soient prêts à abandonner la vie politique : rien ne peut changer sans un maximum de pression populaire… Ce sur quoi nous pouvons compter sur les gilets jaunes, bien qu’ils soient encore trop peu nombreux en Belgique. En France, un gilet jaune lance à deux députées macronistes : “ Vous allez être étonnés par notre goût de l’effort !”