L’utilisation de la musique a ouvert une porte nouvelle dans l’atelier. Tous les participants y ont été réceptifs, et chacun y a répondu à sa façon.
Les corps se sont mis en mouvement et pour la plupart des personnes, ça a été assez magique, le rythme y était, l’aisance aussi, comme si la musique les réconciliait avec leur corps, souvent maladroits.
La musique a permis également la naissance d’un spectacle, les improvisations accompagnées de musique jouissaient d’un sens naturel. L’univers du cirque est apparu et doucement des personnages se sont dessinés.
Au bout de quelques séances nous étions dans un cirque loufoque où une bande de clown essaie tant bien que mal de donner une représentation. Les personnages : une funambule qui évolue avec précaution sur un fil invisible, une Madame Loyale tyrannique, un magicien, une danseuse triste et esseulée...
La difficulté était que chacun trouve sa place et son moment dans le spectacle. Ce n’est pas facile parce qu’ils n’ont pas tous les mêmes capacités de mémorisation, et de répétition.
Je dois bien avouer que pour deux participants, nous n’y sommes toujours pas parvenu.
Mais il faut être patient, je n’ai pas envie d’instrumentaliser ces personnes. Nous continuons donc à jouer et à improviser jusqu’à ce que quelque chose apparaisse, dans lequel ils se sentiront bien.
Après quelques mois de répétition, nous avons présenté un avant-goût du spectacle en préparation, lors de la fête de Noël en décembre dernier. Ils ont très bien joué et connu un grand succès.
Comme avec tous les groupes, le jour de la représentation, la tension monte. Tout le monde avait le trac, mais ce qu’il y a de magique avec nos amis de la Marelle, c’est qu’ils sont imprévisibles !et jusque la dernière minute, on ne sait pas ce qu’ils vont faire.
C’est parfois angoissant pour nous animatrices. Nous avons ficelé le canevas créé ensemble et nous aimerions le suivre un minimum. Pourtant, nous devons rester ouvertes à l’inattendu et leur faire confiance. Avec eux, tout est possible. Mais finalement, n’est-ce pas eux qui sont dans le vrai ? Totalement dans l’ici et maintenant.

Depuis janvier, nous sommes à la recherche de nouvelles scènes, nous enrichissons celles que nous avons déjà et nous poursuivons l’exploration théâtrale, à travers différents exercices.
Floriane, qui fait la formation CASTA (comédien-animateur spécialisé en théâtre action) fait son stage au Théâtre Croquemitaine et assiste donc à l’atelier. C’est enrichissant, ça me permet de rester en réflexion, de ne pas tenir les choses pour acquises et de continuer à rendre cet atelier intéressant pour ce public particulier. Par exemple, si on leur laisse le temps, ils peuvent apprendre et faire énormément de chose. Alors on prend le temps, dans ce monde où tout doit aller vite, j’accueille cette pause avec plaisir. (à suivre...)