Compagnie Fil en trop

7h01. Chacun entame sa journée. La même qu’hier et sûrement celle de demain.
Ici, rien n’est laissé au hasard, tout est réglé.
Et si, dans les consciences endormies, il restait quelques étincelles de vie capables de…
Dans cet immeuble cloisonné, vous y découvrez 6 univers, 6 caractères, 6 personnages qui vous emmèneront dans leur quotidien. Des tranches de vie distinctes qui se croisent sans se voir et se frôlent sans se toucher, et pourtant rythmées dans leur quotidien par une seule et même entité … très vigilante.
Aliénés la nuit comme le jour, ces habitants trouvent un « autre », un coupable aux multiples visages, réceptacle de toutes les frustrations vécues souvent inconsciemment.
Mais dans ces cadres où tout et rien à la fois ne se vit, les limites et les interactions peuvent encore se réinventer, il suffit peut-être de faire un pas de côté pour voir ce qu’il s’y passe.

  • Spectacle de marionnettes à l’impertinence joyeuse ! Au Foyer socioculturel.
    23, rue du Burg à ANTOING. Samedi 29/09 - 20h00

    par la Compagnie Fil en trop’

La Compagnie

Trois parcours différents ont permis au goût de l’écriture, à la fibre artistique et au jeu d’acteur de se rencontrer et se compléter pour se lancer dans l’aventure de la création artistique.
Voici le fruit de notre premier travail.
Pas à pas, les idées sont apparues, les mots ont suivi et le scénario s’est créé.
Après cette étape d’écriture bouillonnante, nous sommes passées à la fabrication des marionnettes et du décor où faire rime avec défaire. De ce travail sont alors nés 6 visages, 6 corps, des noms, des caractères, des démarches, des voix … la manipulation naissait, ce terrain où marionnettes et marionnettistes se rencontrent et s’apprivoisent.

Les marionnettistes

Merel, Virginie et Julie.
Habillées de noir, nous nous trouvons derrière le castelet (l’immeuble) et manipulons les marionnettes en introduisant nos mains, gantées, dans les différents appartements.
Outre la manipulation, nous développons un univers sonore qui accompagne et rythme l’histoire (guitare, accordéon, bruits)
La démarche : une impertinence joyeuse.
Notre volonté est de proposer un travail artistique qui réagit par rapport à des thématiques sociétales interpellantes.
Pourtant, le propos n’est ni sombre ni moralisateur. Il laisse beaucoup de place à l’espoir, au rire et à l’affection portée sur les personnages de l’histoire.
La structure en immeuble offre une vision globale de la coexistence de ses habitants, chacun pris dans le tourbillon de ses activités quotidiennes. Les contours de leurs appartements représentent l’isolation de leurs univers particuliers et les limites auxquels chacun est confronté.
Nous nous sommes intéressées aux morcellements des réseaux sociaux qui isole les individus, empêche les liens de solidarité de se créer et pousse à la méfiance de l’autre.
Nous voulions également aborder la thématique du contrôle social et de ce qu’il a comme effet sur les rapports sociaux. Notre attention s’est portée sur la présence grandissante des caméras de surveillance. Sécurité ou contrôle ?
Nous voulions également questionner le rythme du travail, aliénant parfois et qui laisse peu de place à des élans créateurs, d’écoute de soi et des autres.
Enfin, à travers le personnage de l’autre, nous avons voulu mettre en avant la méfiance et les préjugés. Cet autre, aux multiples visages, est considéré par les habitants comme le coupable … de leurs peurs.
Double emprise sur la liberté de nos personnages que d’évoluer dans cet univers-là et d’être manipulés par nous.
Choisir les marionnettes comme vecteur artistique de ces messages nous semblait idéal et correspondre à un univers que nous voulions explorer. Créer un spectacle de marionnettes pour grands enfants et adultes titillait nos envies jusqu’à donner le ton caricatural, humoristique, cynique et poétique que nous recherchions.
Nous proposons le spectacle à un public de 10 à 110 ans, pour que chacun puisse y trouver ce qui l’attire dans une histoire qui veut offrir plusieurs angles de lecture et d’interprétation.

Ce que dit la presse

Bel appartement clé-sur-porte

Ce spectacle de marionnettes nous plonge dans cet univers feutré et pourtant poétique d’un immeuble. Immeuble, sous surveillance caméras,où vivent sans se côtoyer de biens pittoresques personnages haut en couleur. Personnages que nous suivons au rythme quasi tyrannique d’un rappel à l’ordre,. Et la magie est là, opérante malgré le cloisonnement, l’isolement, le replis sur soi. Car il est bien question d’isolement, de routine, de solitude, de manque, de contrôle, de discipline, de liberté et de soif de se rencontrer. Il est question d’aventure humaine, où les chemins se croisent, la vie emportant tout sur son passage. L’ordre rigoureux, matérialiste et performant laisse peu de place à la fantaisie. À la vie de reprendre ses droits, aux êtres humains de les revendiquer.

Diverses problématiques sociales sont soulevées de manière poétique, drôle et tendre à la fois. Il est dès lors facile de transposer le contexte au cadre des institutions gériatriques. Un immeuble ou une maison de repos, c’est un peu la même chose. Le même sentiment d’isolement, de peur de l’autre et cette peur de l’inconnu. L’organisation des journées institutionnelles laisse peu de place à la fantaisie, à l’oisiveté, et contrarie hélas bien trop souvent le rythme plus lent des séniors. seniors qui vivent au rythme militaire d’une pendule. Mais il est également question d”envie de communiquer, de partager ses rêves, sa vie, ses envies, de se sentir humain, citoyen, acteur du changement, tout simplement vivant.
Que serions-nous sans le regard de l’autre, cet autre qui nous fait peur et que nous aimons pourtant ?
Et il est également question de liberté, d’engagement, du temps qui passe et ne revient jamais et du besoin fondamental de transcender les clichés sociétaires qui peuvent nous diviser. Le dialogue entre génération est le pilier de notre humanité.
« Appartement clé-sur-porte » est un spectacle qui interpelle avec magie.

Sébastien Vanderberghe, comédien, dramaturge et animateur dans l’asbl "à travers les arts".

« Bel appartement, clé-sur-porte », un spectacle tout public de grande qualité

L’asbl « Périple en la Demeure » sise à Limerlé, en Province de Luxembourg, a eu l’occasion de programmer, le 29 août dernier, le spectacle de marionnettes « Bel appartement, clé sur porte » de la compagnie « fil en trop », après que deux membres de l’équipe de programmation ont eu l’occasion de le découvrir à Bruxelles, et l’ont proposé comme spectacle « coup de cœur ».

Impressions

Si ce spectacle entre dans la catégorie « jeune public » par son dynamisme, la limpidité de son propos, il constitue pour le public adulte également un plaisir, car il évite toute simplification, et peut être appréhendé à différents niveaux : ironie, second degré, allusions. Il s’agit donc d’un spectacle familial dans le sens fort du terme : tout le monde y trouve son compte.

La scénographie est particulièrement réussie : personnages très mobiles, se partageant un espace diversifié et décloisonné, éléments de surprise, beauté des décors, ingéniosité des mécaniques, plans et cloisons basculants, évolution de la géométrie des appartements, tout cela contribue à donner de l’épaisseur, à faire de la maison un acteur à part entière

L’écriture est très poétique, tout en restant accessible. On pense à des poètes comme Raymond Queneau, Eugène Guillevic, qui réussissent à donner une dimension poétique au langage familier.

Les personnages sont identifiables, par leur tempérament, leur comportement, mais contiennent tous une part de complexité qui les rend terriblement humains. Ils forment une galerie mouvante des caractères, ont chacun une histoire personnelle qui aide progressivement à comprendre pourquoi ils se comportent de telle ou telle façon.

Le récit progresse en finesse de la juxtaposition aléatoire d’individus, plus ou moins indifférents l’un à l’autre, voire hostiles, à la création d’une micro-communauté conviviale, respectueuse, ou amoureuse. Les liens se tissent, mais ne sont pas le fruit du hasard : il y faut une obstination de tous les instants, dont les malentendus et les maladresses sont des étapes indispensables : les sentiments se construisent, ils ne tombent pas du ciel. Les coups de théâtre, proprement dramaturgiques, ne doivent rien à un « deus ex machina » mais sont tout simplement les résultats des péripéties et des surprises de l’existence, quand on travaille à les provoquer.

Le public, à la fin du spectacle, est demeuré longtemps dans un état d’émerveillement, d’éveil à la poésie, de sensibilisation au propos, et nous avons surpris de nombreuses conversations, mêlant spectateurs d’âges variés, et les nombreux enfants présents, qui prolongeaient la représentation. Il nous a été demandé explicitement de nous tenir informés des prochaines créations de la compagnie « fil en trop » et de les programmer sans faute.

Une autre demande a suivi cette représentation : l’organisation de stages de création de marionnettes et d’écriture de spectacles. Nous sommes en pourparlers avec la compagnie « fil en trop » pour mettre en place ces formations.

Conclusions

Le Décret Missions n’a pas de secret pour nous, puisque nous avons été l’opérateur de l’école expérimentale « Pédagogie Nomade ». Il nous semble évident que les objectifs de l’article 6 de ce Décret traversent constamment le spectacle « bel appartement clé sur portes », lequel peut être également lu comme une métaphore de ce que notre petit pays pourrait travailler à devenir, une communauté mixte qui cherche les conditions de coexistence non seulement pacifique, mais heureuse, au travers des valeurs fortes que sont l’émancipation, la citoyenneté responsable, et l’égalité, déclinée sur tous les modes.

Nous avons particulièrement été touchés par la dimension de démocratie très concrète qu’il véhicule, puisque les représentations sont suivies d’échanges avec le public, qui livre ses avis et impressions, dont la troupe se nourrit pour continuer à peaufiner son écriture et son jeu. C’est ainsi que la seconde représentation à laquelle nous avons assisté nous a permis de constater que la chute a été modifiée, gagnant en force symbolique et en ouverture, et nous y avons reconnu des propositions qui avaient été formulées la fois précédente.

Bref, nous recommandons chaudement ce spectacle, et pensons qu’il est utile qu’il circule, vive sa vie, soit partagé par tous les publics, y compris scolaires.

Pour « Périple en la Demeure » asbl, ce 9 décembre 2011,
Séverine Schmit, Benoit Toussaint

Au Foyer socioculturel.
23, rue du Burg à ANTOING.
Samedi 29/09 - 20h00 :
"Bel appartement clé-sur-porte"
par la Compagnie Fil en trop’